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Le Film de la Saison AH 25-26 : Premiere Vision X Quentin Lacombe

Pour la saison Automne-Hiver 25-26, Quentin LACOMBE a prêté son talent à Première Vision, pour une réalisation qui célèbre l’Excellence et l’Exceptionnel.

Quentin Lacombe, photographe et réalisateur basé à Paris, produit des photos et des films pour des marques de luxe et de mode, pour l’industrie musicale, des maisons d’édition ainsi que pour des institutions. Depuis 2016, il a participé à plusieurs expositions mettant en valeur sa pratique artistique de la photographie.

Pour Première Vision Quentin Lacombe interprète les thématiques de l’AW 25-26 dans un film présenté en juillet sur Première Vision Paris.

Nous avons souhaité l’interviewer pour en connaître davantage sur ses procédés créatifs.

Retravaillées, retouchées vos photos semblent être composées comme des tableaux : Quel est le rôle de la couleur dans vos créations photographique ?

A mes débuts, j’étais très intéressé par le travail documentaire. Le documentaire, à la différence du reportage, permet une approche formelle plus libre, un travail créatif, un regard subjectif sur une portion du monde. La modification de la couleur à l’étape de la prise de vue ou à l’étape de la post-production font partie des curseurs de la subjectivité puisqu’elle transforme le réel sur lequel se base chaque image. Au fil des années j’ai poussé à l’extrême la nature subjective du documentaire, se pose alors la question de ce qui reste du réel et où commence la fiction ?

La notion d’extrêmes contrastes est très présente dans votre travail, et semble devenir une signature où cohabitent clairs-obscurs, net et flou, structure et mouvement, réel et irréel …
Comment travaillez-vous avec ces concepts qui s’opposent ?

L’air du temps est caractérisé par le foisonnement et le flux constant d’images. Pendant longtemps la photographie était une preuve du réel. Aujourd’hui l’abondance des images fait émerger un paradoxe. Nous sommes à la fois plus informés et connectés au monde, mais l’abondance aspire notre esprit critique et notre capacité à prendre du recul sur ce que nous voyons. Le réel devient fiction et vice versa. Le photographe d’aujourd’hui hérite alors du pouvoir de choisir ce qu’il souhaite montrer et dans quelles proportions. Il peut proposer de nouvelles interactions singulières entre des régimes d’images à priori hétérogènes. Meilleure est la compréhension de l’univers, plus grands sont les challenges posés au medium destiné à communiquer cette connaissance. Ainsi, les méthodes d’observations et de mises en forme de l’image déterminent la manière avec laquelle nous comprenons le monde. 

Vous décrivez votre travail comme une association « d’une pratique documentaire et d’un travail expérimental du médium photographique visant à remettre en question son instantanéité. »Un des concepts les plus extrêmes que vous explorez est la relation de la photographie avec le temps. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Mon travail tente d’appréhender l’univers comme une expérience fragmentée, complexe et infinie. Ainsi, mes recherches ne se limitent plus à l’utilisation exclusive de l’appareil photographique comme moyen d’observation, elles passent aussi par l’utilisation des techniques primitives de la photographie et des outils numériques. Autant de moyens qui, une fois combinés par le collage numérique ou la prise de vue au studio, visent à défier l’instantanéité du medium photographique. 
Dans mon dernier projet intitulé « Crucible of Time », j’utilise la technique du solarigraphe pour questionner notre rapport aux images à travers le prisme du temps. Une photographie peut arracher au temps une centaine de jours. C’est le principe du solarigraphe : un sténopé dans lequel la courbe du soleil dépose sa traîne sur le papier photosensible. La lumière trace chaque jour en contours les ombres, celles des arbres et des insectes en migration, celles des bâtiments et des accidents météorologiques. Plusieurs couches du temps se superposent.  La preuve par l’image n’existe pas car elle a le défaut d’être en vie, ce qui suscite chez moi une fascination indélébile. Dans le chaos des matières organiques et des motifs de l’ultra-urbanisation, la série de photographies « Crucible of time » cristallise cet état à la frontière de l’effondrement. À travers ses procédés photographiques, de la longue exposition à l’utilisation du seul négatif de l’image, je fais de chaque tirage une capsule du temps dont l’atmosphère illustre la perte de contrôle sur notre environnement. 

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