Entre upcycling couture et réinsertion professionnelle : l’association Renaissance signe les tenues des hôtesses du salon Made in France Le - Made In France Première Vision
En 2018, Philippe Guilet, passionné de mode ayant collaboré avec Karl Lagerfeld, Thierry Mugler ou encore Jean-Paul Gaultier, se lance dans la déconstruction de l’un de ses pantalons pour en faire une veste. L’idée de l’association Renaissance était née : métamorphoser des vêtements couture qui ne sont plus portés, tout en permettant à des personnes éloignées de l’emploi de reprendre confiance en elles. Retour sur la belle histoire de Renaissance et sur les tenues que l’association a créées, en collaboration avec les Ateliers engagés, pour les hôtesses du salon Made in France Première Vision.
Découvrez les coulisses de la création des tenues dans la vidéo ci-dessous
Quel est le concept derrière l’association Renaissance ?
Créée en 2018, l’association Renaissance illustre comment des vêtements couture ou haute couture appartenant au vestiaire de femmes et d’hommes exceptionnels peuvent renaître. En 2019, elle a ouvert son atelier à Villejuif, dans le but d’offrir des solutions de développement durable à l’industrie textile, tout en utilisant les ressources du capital humain. Renaissance mène ainsi un combat à la fois environnemental et social.
Le combat environnemental
Renaissance applique une méthode unique d’upcycling à des vêtements couture ou issus du secteur du luxe… mais pas que ! Cette méthode mise au point par le fondateur de l’association, Philippe Guilet, s’applique aussi à des uniformes autrefois portés par le personnel de la RATP ou de l’Aéroport de Paris, pour ne citer qu’eux. Les tenues offertes à Renaissance peuvent donc provenir de personnes publiques comme de personnes privées, alors appelées « ambassadeurs » et « ambassadrices » de l’association.
« Nous commençons par déconstruire les vêtements intégralement, de façon très minutieuse, dans une optique de zéro déchet. Nous étudions ensuite la matière récupérée, puis l’utilisons pour reconstruire un vêtement nouveau. »
Philippe Guilet, Président et directeur artistique de l’association Renaissance
Le combat social
L’association Renaissance propose une formation de 12 mois à l’upcycling couture à des personnes éloignées de l’emploi, dirigées vers Renaissance par des prescripteurs comme France Travail. L’association mobilise les habitants des quartiers qui voudraient s’intégrer, mais qui ne peuvent accéder au marché du travail traditionnel, parce qu’ils n’ont pas ou peu de qualifications, parce qu’ils ont subi des accidents de la vie ou parce qu’ils sont arrivés récemment en France.
Ces hommes et femmes d’horizons divers travaillent ensemble dans les conditions réelles d’un atelier de couture, à la manière d’une maison de mode et de création. Le vocabulaire utilisé est précis et les méthodes de travail, hautement professionnelles. Ces exigences sont nécessaires afin de transmettre au mieux un savoir-faire artisanal appliqué, proche de la haute couture.
« Nous pensons que l’industrie de la mode, le deuxième secteur le plus polluant au monde, doit repenser ses méthodes. En déconstruisant puis en reconstituant les stocks de vêtements de luxe de l’industrie de la mode, Renaissance prouve que la solution est à portée de main. »
Philippe Guilet, Président et directeur artistique
de l’association Renaissance
La formation s’achève par la présentation d’une collection réalisée par les salariés en insertion lors d’un défilé, devant un parterre de professionnels et de journalistes du secteur de la mode.
Grâce à son atelier d’insertion conventionné avec l’État, Renaissance contribue à redonner confiance à ces personnes, qui prennent alors conscience de leurs capacités. À travers l’association, elles découvrent une nouvelle façon d’exprimer leur talent et de le valoriser.
Quelle a été l’inspiration des tenues des hôtesses du salon Made in France ?
Nous nous sommes appuyés sur la méthode Renaissance, une approche novatrice qui repose sur la déconstruction méticuleuse de pièces d’uniformes déclassés – ici, des modèles offerts par l’Aéroport de Paris, qui les renouvelle tous les 10 ans.
« Les lignes et les découpes composant la robe ont été minutieusement étudiées afin de maximiser l’utilisation des matériaux récupérés. La création des tenues pour les hôtesses du salon Made in France s’inscrit dans une logique de zéro déchet, primordiale dans la philosophie de reconstruction sous-jacente à la méthode Renaissance ».
Philippe Guilet, Président et directeur artistique de l’association Renaissance
La robe arbore des lignes pures, soulignées par des biais afin de mettre en valeur le corps de la femme sans exagération. Ces biais sont appliqués verticalement pour donner une certaine hauteur. Le résultat : un style sport mais chic, alliant une modernité plutôt classique à une certaine féminité.
« Le jeu des contrastes de matières et de couleurs vise à créer un sentiment d’appartenance au drapeau français, cocorico oblige ».
Philippe Guilet, Président et directeur artistique de l’association Renaissance
La petite veste ouatinée est, quant à elle, très inspirée des vêtements d’extérieur mongols. Elle a toutefois été traitée de manière à s’adapter aux exigences d’un salon, dans un style toujours sport chic. Tout l’esprit du ouaté a été calculé en rétrécissement régulier à la taille, de sorte à créer une illusion d’affinement de la taille.
Pour mieux mettre en valeur le travail de déconstruction et de transformation du vêtement, certaines des hôtesses porteront la veste d’origine, offerte par les Aéroports de Paris.
Comment ont été sélectionnées les matières utilisées et où ont-elles été sourcées ?
Il fallait, en premier lieu, tenir compte du code couleurs. Pour le bleu, c’est une gabardine polyester qui a été choisie. Elle provient de la déconstruction de pantalons d’uniformes pour hommes de l’Aéroport de Paris. Quant au blanc et au rouge, ce sont des piqués de coton issus d’une généreuse donation de matières à l’association Renaissance.
« Ces tissus avaient appartenu au stock de matières utilisées par Azzedine Alaïa dans ses propres collections, et figuraient parmi ses matières favorites ».
Philippe Guilet, Président et directeur artistique de l’association Renaissance
Ils participent aussi à la création des tenues :
RENAISSANCE x ATELIERS ENGAGÉS
Sur recommandation de Monsieur Pascal Morand, le Groupement de la Fabrication Française a engagé une collaboration avec l’association Renaissance pour expérimenter l’upcycling dans l’univers du luxe. Cette démarche s’inscrivant dans le parcours RSE des ateliers, les entreprises labellisées « Ateliers engagés » (par Bureau Veritas) ont tout naturellement été sollicitées pour participer à ce projet. Pour les tenues du salon, la société GETEX, spécialisée dans le ouatinage, a été retenue par l’association Renaissance, tandis que Textile du Maine, spécialiste du prêt-à-porter flou, s’est vu affecter la fabrication des robes couture.
GETEX
Spécialisé dans la fabrication de vestes et de blousons en ouate, l’équipe GETEX est ravie de participer à la réalisation des vestes des hôtesses du salon Made in France PV aux cotés de Renaissance. Le groupe GETEX fabriquant aussi des vêtements administratifs et militaires, le concept même du projet Renaissance s’inscrit parfaitement dans la démarche RSE engagée par l’entreprise depuis 2014.
