Le cuir comme terrain d’innovation et de création Le - Printemps-Été 26 - Cuir - Première Vision Paris
L’industrie du cuir poursuit sa transformation, portée par deux grandes dynamiques : d’une part, les exigences de durabilité et de circularité qui mettent les savoir-faire à l’épreuve, et d’autre part, un fort engouement pour l’innovation créative. Dans ce contexte, de nouvelles propositions émergent, répondant à ces deux courants majeurs, et redéfinissant les chutes de production comme une ressource précieuse, ouvrant la voie à des créations d’exception.
Le déchet de fabrication, source de matériaux pour des pièces d’exception
Dans le secteur du cuir, comme dans le textile, la question de la gestion des déchets est cruciale. Une première solution consiste au recyclage des chutes, avec une attention portée sur l’impact chimique pendant le processus, afin de permettre par exemple la revalorisation des chutes en engrais. Autre option, les cuirs recyclés ou régénérés. Présents depuis longtemps, leur aspect évolue aujourd’hui vers une souplesse accrue, tandis que leurs compositions progressent vers plus d’éco-responsabilité ; les liants et finissages d’origine pétrochimiques sont peu à peu remplacés par des alternatives plus durables. C’est ce que propose Recycleather, qui recycle les déchets de cuirs semi-finis issus de la production de gants en cuir.
Une autre voie possible et particulièrement inspirante en ce qui concerne la revalorisation des chutes repose sur une alliance harmonieuse entre artisanat d’art et engagement écoresponsable. Chutes et rebuts de production deviennent ici la matière première d’un travail exigeant où la contrainte devient source de créativité et où le savoir-faire traditionnel rencontre une vision contemporaine. Designers, créateurs, artisans valorisent les chutes, les tissent, les tressent, et parfois combinent techniques artisanales et nouvelles technologies. Sublimées en bijoux ou matières luxueuses à destination de la Mode, ou encore en nouveaux matériaux à destination du design et de la scénographie, ces ressources revisitées enrichissent et élargissent les horizons de l’artisanat d’exception.
Première Vision Paris février 2025, une édition qui célèbre les savoir-faire
Dans le cadre de son édition de février 2025 qui célèbre les savoir-faire artisanaux et industriels, Première Vision a invité trois créateurs — Audrey Bigouin, Hors Studio et Studio Loann — qui revisitent le travail du cuir avec dextérité, audace et sensibilité. Chaque créateur explore les multiples potentialités du cuir, entre textures vibrantes, enchevêtrements astucieux, et palettes de couleurs maîtrisées. De l’élégance sculpturale aux créations fonctionnelles, leurs pièces témoignent d’un dialogue fécond entre la main de l’artisan et les défis de l’upcycling.
Audrey Bigouin, fondatrice d’Audrey B Studio, et exposante « Maison d’Exception » au salon PV de février prochain, innove par sa manière de décaler matériaux et savoir-faire de leurs usages traditionnels. Par le pliage, la broderie, le tressage, la découpe… le studio crée des effets visuels et tactiles uniques capables de porter l’ADN de chacun de ses clients. Hors Studio, fondé par Élodie Michaud et Rebecca Fezard, mène un travail de R&D à travers le design pour valoriser les chutes et déchets de production industriels et artisanaux. Ces « déchets-ressources » récupérées, broyées et micronisées, sont transformées en nouveaux matériaux, objets et scénographies grâce à un mélange de techniques artisanales et de nouvelles technologies. Loann Dijan, jeune designer prometteur, façonne le cuir avec la précision d’un orfèvre, créant des maillages précieux et des œuvres mêlant cuir et laiton doré, à la frontière entre luxe et parure ornementale.
À la croisée de la mode et du design, cette exposition à découvrir sur l’espace Cuir du Forum Inspiration du Salon Première Vision les 11, 12 et 13 février prochain, mettra en lumière une pratique circulaire et durable, qui invite à envisager des projets dans une démarche collaborative et de partage de savoir-faire.