Dossier Spécial : Quand l’éco-responsabilité devient la norme – Thomas Bucaille Le - Première Vision Paris
Thomas Bucaille : « La durabilité est une composante historique de la maison »
SVP HR & CSR chez Petit Bateau, Thomas Bucaille dévoile à Première Vision les valeurs de la marque, et son statut de pionnier dans l’accomplissement d’une transformation vertueuse.
La maison a toujours été très concernée par les questions de RSE. Pouvez-vous nous présenter les grands axes de sa politique ?
Petit Bateau est né en 1893 autour de valeurs fortes -qualité, durabilité- qui nous accompagnent encore aujourd’hui. Mais nous avons compris, dans les années 2010, qu’il ne s’agissait pas forcément d’un acquis aux yeux des consommateurs. Nos clients étaient en demande d’un message fort et nous avons senti le besoin de réaffirmer notre philosophie. Dire plus clairement qui nous sommes, et comment nous cherchons à aller plus loin. Nous avons, par exemple, toujours travaillé le coton et nous sommes engagés très tôt à le faire de façon responsable. Nous avons formalisé tout cela avec le lancement d’une plateforme RSE qui réaffirme notamment la valeur de la durabilité, historique pour Petit-Bateau et clé d’entrée d’une économie circulaire.
Vous allez mettre en place un service de second hand ?
Nos vêtements passent, depuis toujours, de génération en génération. Nous les concevons avec cette idée de transmission mais nous avons voulu l’exprimer de façon plus moderne en offrant à nos clients la possibilité de réparer et revendre leurs vêtements. Concrètement, nous proposons ce service seconde main via notre application mobile, en mettant en relation gratuitement vendeurs et potentiels acquéreurs via une interface d’annonces. De plus, nous avons testé, l’automne dernier, un système de reprise en boutique qui s’est révélé très positif et allons le généraliser en 2021. L’économie circulaire est un axe de développement important pour Petit-Bateau. Dans le même esprit, nous donnons depuis toujours nos invendus et recyclons les surplus de nos matières premières.
Quelles sont les grandes étapes de cette transformation ? Et par où avez-vous commencé ?
Nous avons écouté nos clients et travaillé avec des experts -notamment du Groupe Rocher dont nous faisons partie- pour dégager cinq grands axes. La durabilité et l’économie circulaire que nous venons d’évoquer. La connexion des enfants à la nature qui constitue pour nous une priorité et nous allons œuvrer à incarner davantage cet engagement. Les matières, avec l’ambition de parvenir à 100% de coton bio et de matières écoresponsables à l’horizon 2025. L’élimination du plastique, qu’il s’agisse de nos cintres, des sacs pour la sacherie, du packaging lié à l’ecommerce… Dans ce cadre, nous nous sommes associés à l’initiative de Paris Good Fashion afin d’étudier différentes possibilités de recyclage ; avec la conviction que l’on ne peut pas tout faire seul.
Vous témoignez également d’une volonté de totale transparence…
Notre communauté sait exactement ce que nous faisons et comment. Nous sommes très fiers d’être fabricant. Petit Bateau tricote et teint dans ses ateliers de Troyes pour 45% de la production et de Marrakech pour le reste, et la confection se répartit également entre Troyes et l’Afrique du nord. Nous auditons tous nos fournisseurs qui sont, pour la plupart, des partenaires depuis 20 ou 30 ans. Notre entreprise se veut exemplaire en termes de RSE.
Nous faisons partie d’un Groupe devenu une entreprise à Mission, au sens de la loi Pacte. Nous sommes une société citoyenne et engagée, comme le témoigne notre fabrication de masques durant le premier confinement en 2020, mais aussi notre implication dans divers collectifs : Maille 4,3, Chaire Bali, UTT, Fashion Green Hub ou Paris Good Fashion…
Votre politique concerne également le bien-être de vos collaborateurs ?
Nous sommes très sensibles à l’idée de parentalité et accordons un soin particulier aux familles avec, par exemple, une souplesse dans les horaires de travail lorsqu’un enfant réclame la présence de son/ses parents, et pas seulement lorsqu’il est malade.
Nous sommes très investis dans la formation de nos collaborateurs et le développement de leur carrière. Nous avons créé notre propre école de confection car nous souhaitons maintenir le savoir-faire à Troyes, et devons remplacer les nombreux départs à la retraite. Les personnes que nous intégrons ont tout type de profil, ce sont souvent des reconversions. Ce que l’on va surtout chercher, c’est de la motivation et un état d’esprit optimiste. Nous partageons également beaucoup avec nos salariés sur ces questions d’éco-responsabilité, nous ouvrons des espaces de participation pour encadrer les bonnes volontés. Et elles sont nombreuses !
Il est essentiel aussi de faire savoir ces engagements aux consommateurs. Comment avez-vous choisi de communiquer ?
Nous entretenons depuis toujours une relation privilégiée avec nos clients et travaillons à renforcer le dialogue via nos newsletters. Nous proposons des tutoriaux sur notre site, autour des techniques de récup et, durant le confinement, sur différentes façons d’occuper les enfants. Façon de rappeler à notre public les thèmes qui nous sont chers.
Comment allez-vous faire évoluer votre politique dans le futur ?
Nous allons poursuivre notre mutation et il faut accepter que celle-ci prenne du temps. Les investissements pour réduire notre consommation d’eau ou notre bilan carbone doivent se penser sur plusieurs années. La recherche sur le coton recyclé, par exemple, en est encore à ses balbutiements. Nous comptons aussi développer un système de production à la demande pour réduire encore le gaspillage. Notre mission d’éducation des enfants à la nature doit encore croître et s’inscrire dans une mission plus globale de protection de la planète. Nous souhaitons aussi nous engager plus largement dans l’agriculture régénérative. Tout cela est inscrit sur notre calendrier, avec le sentiment que nous sommes sur le bon chemin.
Dossier spécial éco-responsabilité
– la suite :
Retrouvez l’interview de Sylvie Bénard Ex-directrice de l’environnement du Groupe LVMH et Présidente de Paris Good Fashion, qui vient de créer le cabinet de conseil La Dame à la Licorne.