Indigo Eden, une collection collaborative inédite présentée sur Denim PV Le - Denim Première Vision
Chaque nouvelle édition du salon Denim Première Vision est une nouvelle occasion de rassembler la communauté denim et de mettre en avant des projets qui permettent à ses acteurs de travailler ensemble sur une même chaîne de valeur.
Le projet « Indigo Eden » initié par Alessio Berto, fondateur du studio The Tailor Pattern Support, est un de ceux-là. À l’origine, une envie ; l’envie de créer une collection capsule sans impact environnemental réunissant l’expertise d’entreprises engagées et transparentes et la créativité visionnaire des talents de demain.
La collection Indigo Eden sera exposée en exclusivité dans un espace dédiée sur le salon Denim PV les 23 & 24 novembre prochain au Superstudio Piu de Milan, et nous avons rencontré son créateur Alessio Berto pour qu’il nous en dise un peu plus sur la genèse du projet.
Quel a été le point de départ de ce projet ?
Alessio Berto : “L’idée d’Indigo Eden est née il y a 6 ans, alors que je lisais encore sur la pollution due à la production de masse, sur l’exploitation des travailleurs, le gaspillage des tissus, le rejet des microplastiques, des hydrosulfites, du PVA et surtout du denim.
Je me suis alors mis à concevoir 5 tenues en essayant de réfléchir à tout cela. N’étant ni un designer, ni une marque, j’ai opté pour une approche plus drastique : il fallait se tourner vers les civilisations du passé et s’inspirer de leur coexistence paisible avec la planète, prendre conscience et réfléchir à la manière dont la mode fonctionne. Indigo Eden est une prise de conscience.“
Comment est née l’idée de la collaboration ?
Alessio Berto : “J’ai d’abord présenté le projet à une entreprise de denim très connue mais je n’ai pas reçu de réponse, j’ai donc laissé le projet au fond d’un tiroir. Ensuite il y a eu la crise du Covid et la question de l’éco-responsabilité est devenue plus importante. En 2021, un rapport du Pentagone sur les technologies antigravité dans l’aérospatial et un autre de l’ONU sur la coexistence future de l’homme face au changement climatique ont ravivé mon inspiration. J’ai donc commencé à faire des recherches sur les matériaux innovants et futuristes qui pourraient correspondre aux besoins d’adaptation au climat, des matériaux inspirés par l’espace, la chimie intelligente, sans laisser de côté les matériaux naturels pour autant. Bref, il fallait oser.”
Alessio Berto : “Après ces recherches, j’ai de nouveau présenté le projet, mais cette fois à plusieurs entreprises et aux écoles de design où j’enseignais. Finalement ce sont 40 entreprises, de tissus, d’accessoires, d’étiquettes, des étudiants, des universités, des professionnels, des graphistes, photographes, musiciens, réalisateurs de vidéos… qui se sont joints au projet, il y a même eu l’ESA (l’Agence Spatiale Européenne) qui m’ont gentiment transmis une vidéo depuis la Station Spatiale Internationale.”
Qu’est-ce qui a inspiré le style des tenues de la collection ?
Alessi Berto : “J’ai voulu créer 5 tenues en me basant sur les caractéristiques de chacune des matières et en essayant de refléter mes 36 ans de carrière en modélisme transversal : du denim, de l’utilitaire, du sportswear, du tailoring fluide jusqu’au silhouettes non genrées. L’inspiration vient des Inuits, des Dogons du Mali, des Indiens Hopis et de leurs relations avec les dieux de leurs mythologies. Les coupes devaient être parfaites pour un homme et une femme dès le premier vêtement, donc pas de prototypes, de tests de rétrécissement, de lavages… tout a été fait en une seule fois en utilisant l’excellence de chaque participant, donc pas de gaspillage !
Je voulais représenter les vêtements dans une tonalité futuriste presque extraterrestre et, grâce à l’intuition d’un de mes étudiants, je pense que nous avons réussi. Le tournage et la vidéo réalisée à l’IED de Milan sont l’une des choses dont je suis le plus fier, tant pour la représentation de l’ambiance que pour la façon dont les vêtements s’adaptent. Comme l’a écrit un journal, Indigo Eden est l’avenir ancien.”
Quels types de matières avez-vous utilisé ?
Alessio Berto : “Les matériaux utilisés sont tous sur le marché, mais une recherche très approfondie a été menée sur des matières telles que le nylon thermorégulateur avec des molécules HMPE qui rendent le tissu indestructible, le tissu scuba végétal, le tissu nylon graphene qui est thermorégulateur, antistatique, ignifuge et conducteur, les plastiques végétaux, les boutons en betterave, les étiquettes biosourcées, les fermetures éclair en métal recyclé non galvanisé, des fils recyclables à l’infini, des élastiques recyclés, des semelles en EVA recyclé, un denim dont l’indigo est dissous par des électrolytes au lieu d’hydrosulfites, fini par des ultrasons et encollé avec de la pectine au lieu de PVA et géo-localisable grâce à des minéraux de terres rares, donc sans ajout de matériaux chimiques. En plus de tout ça, aucune eau n’a été utilisée et les chutes de tissu ont été réduites au maximum. Enfin, nous avons utilisé la technologie laser pour embosser les logos et créer un design basé sur les mythologies Hopi.”
Alessio Berto : “Mais le matériau le plus important est la passion et le professionnalisme de ceux qui ont participé et cru au projet, surtout pour un projet qui ne sera jamais mis en vente et qui ne va pas générer de profit pour aucun des participants. Tous les matériaux m’ont été fournis pour soutenir le manifeste, comme un hommage, pour démontrer le poids et le sens que nous étions en train de créer tous ensemble et j’en suis très fier.”
Vous parlez de manifeste pour cette collection, quel message souhaitez-vous transmettre ?
Alessio Berto : “Tout d’abord, le professionnalisme, la compétence et la transparence. Avec les étudiants, nous avons produit un document de 35 pages, disponible gratuitement sur demande, où tout est écrit : les spécifications techniques et les compositions de tous les matériaux, y compris les fils, les profils et les liens des entreprises participantes, les photos des patrons et de l’atelier réalisé avec les étudiants, les photos des vêtements portés, bref, tout ce dont on parle, nous l’avons vraiment fait et les informations sont à la disposition de tous comme source d’inspiration.”
Alessio Berto : “La collection est également disponible pour les écoles, les salons professionnels et aussi pour les entreprises, Indigo Eden est une étude de cas sur la façon dont les collections devraient être pensées à l’avenir si nous voulons vraiment résoudre les problèmes dont tout le monde parle. Le plus drôle, c’est que c’est exactement comme ça que la mode était créée avant la mondialisation… Mais bien sûr, il faut du courage et du professionnalisme pour retourner dans le passé.”
« Je suis fier que notre travail et le message d’Indigo Eden soient diffusés. » – Alessio Berto
La vidéo d’Indigo Eden a été projetée le 21 septembre 2022, pendant la semaine de l’AGNU à New York, la première de la “Human Kind Film Series”, en coopération avec le 17e UNITED NATIONS ASSOCIATIONS FILM FESTIVAL – TRAVELING FILM FESTIVAL NEW YORK et ASVOFF, où des films sur le changement social positif, l’impact social et la créativité ont été présentés, suivis de discussions entre experts.