GLOBAL EVENTS FOR FASHION PROFESSIONALS​

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Klasikinė Tekstilė

Portrait of Donatas Akelis

Depuis trente ans, l’entreprise lithuanienne Klasikinė Tekstilė produit des articles en lin haut de gamme.

Trois étapes du cycle de production sont réunies sous un même toit : le tissage, le finissage et la confection. Première Vision a rencontré Donatas Akelis, Directeur Commercial de l’entreprise. 

Première Vision : Votre entreprise travaille avec le lin depuis sa création en 1991. Pourquoi avoir choisi le lin ?   

Donatas Akelis : Le lin fait partie de l’histoire de la Lithuanie depuis des siècles. Pour beaucoup, la Lituanie et le lin sont synonymes. Nous ne cultivons plus la fibre : elle provient aujourd’hui principalement de France et de Belgique. Mais pour ce qui est de notre activité, à savoir le tissage et la confection, beaucoup de petites entreprises travaillent encore dans ce secteur. Il y a trente ans, nous avons décidé de travailler le lin. Aujourd’hui, nous continuons dans cette voie. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est notre spécialité.  

 

Le lin connait un regain d’intérêt ces dernières années en raison de son faible impact sur l’environnement. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses qualités éco-responsables ? Cela vous a-t-il permis de conquérir un nouveau marché ?  

Linen flower

Nous observons cette tendance, qui est à notre avantage, depuis 10 à 15 ans. Les gens achètent de plus en plus de produits naturels.   
En ce qui concerne le lin, la fibre et donc l’ensemble du processus ont un faible impact. Nous l’avons toujours observé, mais c’est désormais mesurable scientifiquement. En 2022, l’Alliance for European Flax-Linen & Hemp a lancé la première ACV (Analyse du Cycle de Vie) de la fibre European Flax TM. Il s’agit donc de la première fibre de l’industrie agro-industrielle à mesurer son impact environnemental selon la méthode PEF (Product Environmental Footprint), avec 16 impacts différents. Le même processus est actuellement développé au niveau du fil et du tissu. À terme, l’objectif est de mesurer l’impact tout au long de la chaîne, jusqu’au vêtement final.   
L’un des avantages majeurs du lin est sa faible consommation d’eau : sa culture ne nécessite aucune irrigation.  

Dans quelques années, le consommateur pourra donc comparer l’impact exact d’une chemise en lin par rapport à une chemise en coton, par exemple ?    

Tout à fait. Pendant longtemps, les prix du coton et du lin étaient similaires, ce qui n’est pas normal. Chaque année, le prix du lin augmente, en partie à cause du réchauffement climatique. Le produit final devient également plus cher : aujourd’hui, une chemise en lin est beaucoup plus chère qu’une chemise en coton. Mais c’est comme ça : le lin devient un produit de luxe. Le changement climatique rend l’agriculture de plus en plus difficile. Cela vaut également pour le lin. Nous travaillons avec la nature, nous devons donc composer avec ce qu’elle nous offre. Chaque année est différente.   

Comment obtenir une qualité stable lorsque la production de lin est si variable d’une année sur l’autre ? 

Un aspect essentiel de la filature du lin consiste à mélanger différentes qualités et différentes cultures. Les filateurs conservent différentes qualités de lin tout au long de l’année. À l’instar des méthodes utilisées pour la création du vin et du champagne, ils associent les fibres entre elles afin de maintenir la même qualité de fil au fil du temps. Ce mélange est essentiel. 

Le lin est une matière noble, qui nécessite un savoir-faire très spécifique. Pouvez-vous nous dire en quoi le travail du lin est différent ?  

Le travail du lin comporte six étapes du champ au produit final : la culture de la plante, le teillage, la filature, le tissage, la teinture et l’ennoblissement, et la confection. Nous arrivons en bout de chaîne, avec le tissage, la teinture et le finissage, et la confection.  

Le travail du lin est effectivement délicat, particulièrement en ce qui concerne les conditions au moment du tissage : il faut que l’air soit à 80 % d’humidité pour que le fil ne se coupe pas sur le métier. 

Linen finishing

Quels types d’ennoblissements proposez-vous ?  

Nous proposons un grand nombre de traitements différents, mais le plus populaire est l’imperméabilisation. Il est idéal pour les produits destinés à être utilisés à l’extérieur, comme les nappes pour les restaurants.  

D’où provient la matière première ? Vous faites partie de l’Alliance for European Flax-Linen & Hemp, tous les fils de lin transformés dans votre usine sont-ils Européens ?  

Nous nous approvisionnons auprès des principaux filateurs de lin. Ils peuvent venir de n’importe où : d’Europe, de l’Est… Nous les connaissons tous, nous connaissons la qualité de leurs produits. Nous achetons des centaines de tonnes de fil de lin par an. Bien que nous travaillions avec de nombreux filateurs, nous savons que la matière première provient toujours de France, de Belgique et des Pays-Bas. Chaque fibre et chaque étape du processus sont traçables, grâce à la certification EUROPEAN FLAX™.  
Le lin européen, cultivé en France, en Belgique et aux Pays-Bas, représente les trois quarts de la production mondiale. C’est là que vous trouverez la meilleure qualité et la meilleure quantité. 

Vous faites partie de l’Alliance for European Flax-Linen & Hemp, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que cela implique pour les fibres certifiées ?

L’Alliance for European Flax-Linen & Hemp est une référence mondiale. Elle rassemble tous les acteurs de la chaîne de valeur du lin et du chanvre européens. Elle fournit à tous ses interlocuteurs des informations sur l’environnement et la responsabilité sociale des entreprises, des données économiques, ainsi que des preuves scientifiques fiables.   
L’Alliance garantit également la traçabilité de la fibre de lin grâce aux certifications EUROPEAN FLAX™ et MASTERS OF LINEN™.   

Parlez-nous des nombreuses étapes qui se déroulent sous un même toit dans votre entreprise. Pourquoi avez-vous choisi d’avoir une production verticalisée ?   

Ce type de modèle est inhabituel dans le domaine du textile. Il y a de nombreuses années, nous avons fait le choix de proposer ces trois étapes. Aujourd’hui, nous ne regrettons pas cette décision, cela nous aide vraiment.   
Le plus grand avantage est que nous contrôlons la qualité du fil au textile, jusqu’à la pièce finale. Comme nous nous occupons de tout, nos clients n’ont pas à se préoccuper des différentes étapes. Ils commandent chez nous et obtiennent le produit final. Dans la plupart des cas, ils économisent également de l’argent grâce à la logistique.   
Cela complique toutefois les activités quotidiennes. Il nous faut parfois un, deux, voire trois mois pour fabriquer nos produits. Mais jusqu’à présent, cela fonctionne. 

Votre entreprise travaille pour différents secteurs allant de la mode à la décoration d’intérieur. Quelles sont les différentes priorités de ces secteurs ? Quelle est la différence entre le développement de textiles pour l’habillement et le développement de textiles d’intérieur ?    

Comme vous l’avez dit, les deux principaux domaines sont les textiles d’intérieur et la mode. Ce sont des industries très différentes.    
Ce que nous aimons dans le domaine du textile de maison, c’est qu’il n’y a pas vraiment de période creuse. L’activité est répartie tout au long de l’année. En mode, c’est le contraire. Pour la saison printemps-été, les gens font des échantillons au printemps-été et produisent en automne-hiver. C’est à ce moment-là que nous avons le plus de travail. Ensuite, il y a une période plus creuse. On travaille beaucoup pendant la moitié de l’année, puis moins pendant le printemps-été, période pendant laquelle on prépare les collections pour l’année suivante.   
Les tissus sont également très différents. Pour la mode, les clients jouent sur la couleur sur une largeur standard de 150 cm. Pour les textiles de maison, nous jouons avec différentes largeurs et textures : textiles d’intérieur, serviettes…  
Il s’agit donc de domaines très différents, mais nous essayons de tout couvrir. Pendant le Covid, les textiles de maison était extrêmement populaire, car les gens restaient à la maison. Aujourd’hui, c’est l’inverse : en raison de la crise économique, les gens achètent moins de textiles de maison. Ils en ont acheté suffisamment ces dernières années ! La mode en revanche se porte bien, les gens continuent d’acheter des vêtements. Les commandes pour la saison prochaine sont prometteuses.   

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