La question éco : Comment la technologie peut-elle guider une production responsable ? Le - Première Vision New York - Première Vision Paris - Denim Première Vision
Longtemps la production a été guidée par un système « push ». Des volumes calibrés sur l’analyse de ventes de produits similaires des précédentes saisons, avec des produits poussés au consommateur, puis remisés s’ils ne trouvaient pas preneurs. La massification de l’offre ces 20 dernières années avec les achats en ligne et le comportement volatile des consommateurs ont rendu ce modèle difficilement soutenable. Les rythmes de production se sont radicalement transformés, avec un fractionnement du cadencement des collections, plus fréquentes, amenant petit à petit à une désaisonnalisation. Face à l’évolution du marché et des rythmes de production, diverses solutions technologiques se déploient aujourd’hui pour accompagner les évolutions.
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Adapter la production en temps réel
Pour commencer il est possible de s’appuyer sur une conception « Fabric to sketch » (de la matière au croquis) où la matière va guider le développement de formes plutôt que de définir le tissu/cuir en fonction du design. Les algorithmes d’IA et technologies cloud ensuite fournissent des analyses de vente en temps réel afin que les fabricants rationalisent la production et optimisent les stocks.
En fonction du succès d’un premier volume de production, les quantités suivantes sont adaptées, sinon la matière prendra vie dans une autre typologie de vêtement ou d’accessoire, plus adaptés aux besoins du moment. Ici performance environnementale et économique vont main dans la main en évitant toute production inutile dans une approche plus agile. Une réponse au besoin en temps réel, pour ne pas surproduire et mettre en promotion ou remiser en entrepôt les produits, faute de client conquis.
Cette planification plus courte, appuyée par des outils de suivis digitaux, peut être combinée à des « hub » de production plus proches. Si la confection est réalisée sur des sites alimentés en énergies renouvelables, ou dans des pays proches au mix énergétique décarboné les impacts environnementaux pourront être amoindris. Ces choix de production agiles apparaissent aussi comme des atouts pour minimiser les risques dans un contexte instable, crise sanitaire, conflits géopolitiques ou catastrophes naturelles fragilisant les chaines d’approvisionnement.
Miser sur la matière
Différents outils technologiques peuvent venir accompagner l’optimisation des matières. Les logiciels de patronage dans un premier temps préparent une première désignation des plans de coupes idéaux pour optimiser les emplois de matières.
Grâce à l’Intelligence Artificielle il est désormais possible d’aller plus loin et d’assister l’analyse qualité des produits. La technologie visionique permet d’identifier les défauts d’un tissu, d’inspecter les motifs, ou vérifier la correspondance des couleurs. Cette revue s’effectue avec des barres d’éclairage leds spécifiques, une caméra, et un capteur de déplacement de tissu. D’une précision d’analyse inférieure à 1mm, elle accompagne les placements adéquats pour une coupe des pièces avec un minimum de pertes.
Des outils de projection optiques des gabarits des pièces sur les tables de coupes facilitent également la mise en place et la précision des opérations de coupe.
Le tricotage 3D est également un atout dans une optique de conception zéro déchet. Ces machines à tricoter numériques, reliées à un logiciel de CAO permettent de créer le jumeau virtuel du produit. La digitalisation est totale de la programmation à la fabrication. Plus de besoin de remmaillage ou coutures, la machine opère le tricotage-assemblage de bout en bout, pour des pièces sans couture alliant efficience de production et confort absolu.
La technologie porte ses fruits pour trouver des nouveaux systèmes d’optimisation. Ces services de pilotages numériques se révèleront être de précieux atouts si l’industrie cherchent non seulement à éviter les invendus, mais aussi à mieux et moins produire. Cette révolution numérique sera aussi culturelle car il est nécessaire d’accompagner les équipes à appréhender de nouvelles compétences et pratiques, pour parvenir au succès de ces nouvelles approches.