La question éco : Peut-on recycler toutes les matières ? Le - Première Vision New York - Première Vision Paris - Denim Première Vision
Reconnaissons-le, le recyclage est souvent le premier levier activé lorsqu’il s’agit de faire évoluer les collections vers l’éco-responsabilité. Sans ouvrir ici le débat pour savoir si le recyclage est une réelle solution ou s’il peut mener à des dérives, regardons quelles sont les matières qui peuvent aujourd’hui être recyclées.
Tradition et innovation
Certains vous diront que le recyclage de la laine remonte au Moyen-Âge, autant dire que les lainiers ont été les pionniers du sujet. C’est au travers du recyclage mécanique que les étoffes hivernales connaissent une nouvelle vie. Cette technique a été adaptée au coton, qui lui aussi peut être trié par lots de couleurs, déchiqueté et refibré en une nouvelle qualité.
Les cotons peuvent aussi être travaillés par recyclage chimique pour se métamorphoser en nouveaux matériaux cellulosiques, évitant ainsi de recourir au bois. Technologies encore récentes, connaissant cependant une réelle accélération et une arrivée à grande échelle très remarquée dans les collections de tisseurs et tricoteurs. Les lins et chanvre sont à l’étude aussi pour suivre le même chemin. Cependant, ces développements restent en 2022 encore très à la marge.
Le cuir a aussi un historique côté recyclage puisqu’en est issu le synderme employé en semelles ou renforts maroquinerie. Les développements se sont peaufinés pour proposer des qualités plus souples et permettant des applications plus versatiles.
Les métaux, eux, rentrent dans des boucles de recyclage très rapidement, puisque leur recyclabilité dans de multiples cycles fait que la moindre chute de production est rapidement fondue pour repartir dans une nouvelle création.
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Responsabilité et boucle fermée
Tout aussi encourageant que soit l’augmentation du recyclage dans la mode, il efface cependant une donnée essentielle, seuls 1 % des matières produites sont issues de recyclage textile à textile. L’essor du polyester recyclé a été permis grâce à des gisements d’autres industries, puisqu’il dépend à 99 % de bouteilles en PET.
Or s’il est un matériau qui a connu une croissance fulgurante ces 20 dernières c’est bien le polyester. Avec de tels gisements, avant de revendiquer les atouts du recyclage de synthétiques, notre filière devra encore investir dans la recherche et développement, afin de réabsorber et régénérer ce qu’elle a initialement mis sur le marché.
L’écoconception initiale des matières restera un levier majeur car le principal frein au recyclage des matières en boucle fermée, réside au cœur des textiles. Mélanges de plusieurs fibres, présence d’élasthanne au-delà de 2 %, fils métalloplastiques, décors collés ou brodés perturbent le cycle de traitement et rendent certains textiles non recyclables.
Au-delà de leur caractère recyclé ou de leur recyclabilité, il sera nécessaire également de vérifier que ces textiles promettent une résistance équivalente aux matières conventionnelles. Et de veiller à ce que les synthétiques recyclés soient utilisés uniquement lorsque leurs atouts techniques sont indispensables, car recyclé ou non, le relargage de microfibres synthétiques reste sujet de vigilance.