Lexique Textile : Tissus Tailoring Le - Tissus
On désigne par TAILORING la famille de tissus destinés aux tailleurs, costumes, complets, vestes, pantalons, jupes et robes.
Histoire
Le tailleur est à la fois un vêtement et un métier.
Le vêtement est un costume ajusté sur le corps, qui fut imaginé dans les pays du nord et chez les peuples nomades pour protéger du froid sans entraver le mouvement.
En Europe, à partir du 14ème siècle, le costume cesse d’être unisexe et les hommes adoptent le pourpoint et les chausses, qui sont les ancêtres du tailleur. A la renaissance, époque d’enrichissement, de conquêtes et de découvertes, cette tenue devient objet d’élégance, de prestance et de séduction.
Le métier de tailleur est alors un art très estimé, qui consiste à savoir épouser et mettre en valeur la morphologie du client en respectant son aisance. La posture dite « en tailleur » vient de ce que l’artisan se sert de son corps, et notamment de ses genoux pour façonner son ouvrage, arrondir une tête de manche ou un col châle. Car le tailleur, tout comme le corps humain, ignore la ligne droite. De là vient l’importance accordée au choix des tissus qui doivent être à la fois stables et façonnables.
Dans les années 1870, le couturier Redfern fait date en inventant le métier de « tailleur pour dames ».
Le costume tailleur s’est imposé jusqu’à nos jours comme un vêtement incontournable qui ne connaît pas de frontières et qui continue à incarner les codes d’un certain formalisme.
En termes de confection, « tailleur » s’oppose à « flou ». Le premier concerne la réalisation de vêtements structurés aux découpes complexes, tels que vestes, manteaux, chemises… Le second concerne les vêtements déstructurés et souples tels que robes, blouses, drapés réalisés dans des matières légères et délicates.
Caractéristiques
Les tissus TAILORING, relèvent donc de la confection tailleur. Ils comprennent tous les lainages chaîne et trame dits « poids tailleur » ou « draperie », par opposition aux chaîne et trame « poids manteau » ou « drap », que l’on appelle par convention LAINAGES.
Les tissus tailoring doivent être :
- fins pour se plier aux superpositions qu’impose par exemple la confection d’un pantalon
- solides pour résister aux flexions et tiraillements
- défroissables, pour répondre aux exigences d’un certain formalisme
- souples pour assurer le confort et le bien-aller de pièces ajustées.
Composition
La laine s’est avérée un excellent matériau pour ce type de pièce. Elle est naturellement peu froissable, et possède le prêtant nécessaire pour absorber les embus et réaliser les volumes galbés caractéristiques de la coupe tailleur.
Toutes les qualités de laine (fine ou grossière, cardée ou peignée, laine de mouton ou autres poils) sont possibles.
La qualification Super 100’s s’applique en théorie à un fil peigné de numéro métrique 100. Les laines « Super » (qui vont de 80 à 250’s) se caractérisent par une grande finesse sous forme de draperies peignées d’autant plus légères et fluides que le numéro est élevé.
Nota : Devant les abus qui ont été faits de cette appellation, l’IWTO a publié en 2006 une charte pour les laines Super, indiquant, outre le numéro métrique, le micronage des fibres de laine.
D’autres matières ont été mélangées à la laine ou s’y sont substituées, pour réaliser le même type de produits, raison pour laquelle on continuera à les appeler lainages, et à les classer dans les matières TAILORING.
- Les mélanges soie sont des classiques du TAILORING sophistiqué et habillé.
- Les mélanges coton apportent un aspect plus décontracté
- Les mélanges lin apportent une élégance sans formalisme
- Les mélanges élasthanne permettent des volumes très ajustés
- Les mélanges polyester ou polyamide sont normalement plus résistants, faciles d’entretien et moins chers que la laine pure, mais cela peut varier d’un article à l’autre. Le polyester a la capacité à garder le pli pressing.
- Les mélanges viscose (ou Tencel, modal…) apportent souplesse et nervosité
Construction
Les tissus TAILORING sont la plupart du temps des armures simples, avec une prédilection pour les armures sergées, qui permettent un peu de jeu dans le passage d’embu, et notamment les sergés croisés.
Liste des tissus tailoring :
Tweed
Histoire : Le tweed est connu depuis le 14ème siècle en tant que marque commerciale écossaise de tissu de laine cardée bicolore, dont les fils de trame et de chaîne sont de même titrage. Au départ destiné aux paysans, le tweed est adopté par la gentry au 19ème siècle.
En 1956, Gabrielle Chanel, séduite par ce tissu, lance son premier tailleur dans un tweed qu’elle fait faire tout exprès à sa façon. Depuis, le tweed connaît d’innombrables déclinaisons dont la fantaisie ne se donne aucune limite.
Description technique : Le tweed traditionnel est fait de fils cardés, irréguliers et composés de brins de différentes couleurs (au moins deux couleurs), tissés en armures sergé croisé, toile ou chevron. (les tweeds fantaisie jouent essentiellement sur les aspects ébouriffés, multicolores et brouillés)
Caractéristiques : Bourru, solide, peu salissant, thermorégulant et résistant à la pluie.
Variantes : Donegal : tweed rustique d’armure toile avec chaîne et trame de différentes couleurs et fils irréguliers, flammés ou boutonnés. Cheviotte : tweed fabriqué avec la laine des moutons cheviot, réputée pour sa solidité.
Destination produits : costumes classiques, vestes, manteaux, pantalons, casquettes. A l’origine, tenues de chasse, pêche, équitation, et autres activités outdoor.
Flanelle
Histoire : Originaire du Pays de Galles au XVIIe siècle, le mot veut dire « vêtement de laine » en gallois. Il désignait à l’origine un vêtement chaud porté à même la peau. La Révolution industrielle accélère sa production grâce aux procédés mécaniques de cardage. Durant la guerre de Sécession aux États-Unis, la flanelle, matériau à la fois bon marché et robuste, était utilisée pour les manteaux et sous-vêtements des soldats américains. Aujourd’hui, par extension, le mot s’applique aussi aux cotonnades grattées utilisées par exemple dans la surchemise.
Description technique : tissu d’armure toile ou sergée, foulé et gratté des deux côtés
Caractéristiques : duveteux, moelleux et isolant, sujette au boulochage
Destination produits : pantalons, tailleurs, vestes, robe, surchemise et pyjamas.
Grain de poudre
Histoire : ce tissu tient son nom de son toucher granuleux et sec.
Description technique : draperie peignée à forte contexture, d’armure cannelée ou reps.
Caractéristiques : main sèche, dense et nerveuse au toucher granuleux régulier. Sa structure qui absorbe la lumière, donne de la profondeur aux couleurs et notamment aux noirs.
Destination produits : smoking et queue de pie (dress code black tie), où l’on apprécie le contraste entre la matité du grain de poudre, et le satin des parements, baguettes et ceintures.
Bouclette
Histoire : ce tissu tient son nom des fils qui le composent.
Description technique : tissu d’armure simple (toile ou sergée la plupart du temps), à base de fils bouclette.
Caractéristiques : aspect brouillé, frisotté, mousseux et gonflant, plus ou moins prononcé en fonction de la densité des bouclettes, de leur volume et de leur répartition. Nota : les tissus bouclettes ont essentiellement une fonction esthétique.
Destination produits : vestes, costumes, manteaux, pantalons, jupes etc.
Serge
Histoire : La serge tient son nom de l’armure du même nom. Cette armure est abondamment utilisée dans le tailoring, sous toutes sortes de variantes, mais tous les tissus sergés ne portent pas le nom de serge. Celle-ci est produite historiquement par le « serger », « sargetier » ou « sergetier » (suivant les régions), artisan spécialisé depuis le XIIIème siècle dans la production de serge de laine.
Description technique : tissu uni d’armure croisée 2 lie 2, avec fils de chaîne et de trame identiques.
Caractéristiques : tissu souple, plus ou moins bourru en fonction du fil utilisé, présentant une diagonale à 45°.
Destination produits : costumes, vestes, pantalons, robes, châles.
Gabardine
Historique : Tissu breveté en 1888 par Thomas Burberry, qui cherchait un tissu aussi résistant à la pluie que les capes de berger, mais plus souple et plus léger. Le mot « gabardine » d’origine arabe, désigne un vêtement protecteur qui a été donné notamment « cape » et « caban ». Ce tissu a fait ses preuves aussi bien dans les expéditions polaires du début du 20ème siècle, que dans les tranchées de la guerre de 14, sous la forme du très célèbre trenchcoat.
Description technique : tissu sergé à diagonale très marquée et très plongeante, combinant contexture élevée et forte torsion des fils. Une construction hydrofuge parfois complétée d’un apprêt déperlant.
Caractéristiques : tissu souple, respirant et confortable, avec une imperméabilité comparable aux draps foulés.
Destination produits : Trenchcoats et autres imperméables. En poids tailleur, costumes, pantalons etc.
Whipcord ou Cavalry Twill
Historique : le whipcord tient son nom de sa texture de surface qui rappelle le tressage des fouets. Il était destiné à l’origine au vêtement militaire, et plus particulièrement la cavalerie, d’où son autre nom : cavalry twill.
Description technique : tissu sergé à diagonale très nette, saillante et très plongeante, combinant contexture élevée et forte torsion des fils.
Caractéristiques : solide, résistant à l’abrasion.
Destination produits : Vestes, pantalons, jodhpurs, ou manteau, suivant, le poids du tissu.
Tricotine
Historique : Inventé dans la région drapière de Roubaix, la tricotine doit son nom à son aspect qui s’apparente au tricot. Ce nom provoque une confusion, peut-être involontaire, sur la nature de ce tissu qui est bel et bien un chaîne et trame.
Description technique : tissu sergé à diagonale double très plongeante, à base de fils peignés et bien tordus.
Caractéristiques : souple, léger, net, sec et résistant à l’abrasion.
Destination produits : Tailleurs, vestes, pantalons. Existe aussi en poids manteau.
Crepe de laine
Historique : Le crêpe de laine est historiquement lié aux tenues de deuil (en raison de sa matité notamment) selon un protocole qui remonte au début du XIXème siècle. D’une façon plus générale, le crêpe, du latin « crispus », qui signifie « crépu, ondulé », tient son nom de l’aspect très particulier du crêpe, quelle que soit sa composition (en soie, laine, polyester ou autre).
Description technique : tissu composé de fils surtordus jusqu’à l’obtention de petites ondulations.
Caractéristiques : tomber nerveux et plombant, excellente drapabilité, faible isolation et faible couvrance, naturellement stretch, aspect mat, sec et granuleux.
Destination produits : tailleur, robe, vêtements drapés, vêtements ajustés. Brassard de deuil.
Lire aussi l’article « Lexique Textile: Motifs Draperie ».