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Décryptage PE 25 Éco-responsabilité : Tissus

Entre évolutions et révolutions, les textiles amorcent une profonde mutation. Majoritairement issus des ressources fossiles, de cultures intensives et de transformations chimiques peu contrôlées, les matières premières, les nouvelles fibres ouvrent aujourd’hui des voies alternatives. L’utilisation de gisements existants, de technologies économes en eau et en énergie, le contrôle exigeant des substances chimiques et les outils de traçabilité permettent d’envisager des modèles de production et de consommation plus vertueux. Sans prétendre au miracle écologique, ces leviers permettent de repenser les savoir-faire, de faire évoluer l’innovation pour donner l’élan d’un futur souhaitable, à enclencher dès maintenant.

Nature préservée

L’exploitation des fibres naturelles animales et végétales vise des modèles agricoles plus raisonnés. Si différents niveaux d’exigences sont établis par les certifications GOTS, Good Earth Cotton™ Regeneagri ou par les normes volontaires de durabilité de Better Cotton, l’objectif à atteindre est un respect maximum des engagements qui assurent l’économie d’eau, la biodiversité et la revitalisation des terres. L’origine des matières premières et leur traçabilité permettent de garantir des procédés de cultures, d’élevages et de récoltes non toxiques. European Flax™ labelise la culture européenne des lins et des chanvres. Pour les laines, la question de la bientraitance animale est un critère supplémentaire assuré par les zones d’élevage interdisant le museling et confirmé par les certifications RWS, ZQ ou Peta Approuved. Au-delà des labels, le simple bon sens est un guide pertinent pour exploiter la nature sans la détruire et garantir son renouvellement. Un bon sens qui doit s’appliquer sur l’ensemble de la chaine de valeur, jusqu’aux usages, en reconsidérant la qualité des fibres naturelles, la respirabilité des fibres végétales, le pouvoir isolant des lins et chanvres, les propriétés climatiques des laines.

Synthétiques renouvelables

La transformation des polyamides, polyesters et élasthannes doit répondre à 3 enjeux majeurs : diminuer la dépendance de la mode aux ressources fossiles, réduire la dispersion des microparticules plastiques, favoriser le recyclage et la biodégradabilité. Les polymères à base de sucre de canne, d’huile de ricin, de résidus de café ou d’amidon de maïs, comme les PLA et leurs évolutions, Sorona®, PLaX ou Noosa™ répondent de mieux en mieux à ces objectifs. L’extensibilité mécanique de certains synthétiques est suffisante pour donner de l’aisance mais ne se substitue pas à l’élasthanne pour un stretch de maintien ou de compression. L’élasthanne recyclé, la première alternative écologique aux stretchs conventionnels est maintenant dépassée en termes de performances environnementales par des filaments élastiques à la biodégradabilité accélérée, formulés à partir de ressources renouvelables ou via le recyclage de déchets de productions.

Ennoblissements vertueux

Si le choix de la matière première est central pour un impact écologique minimum du textile, les étapes de finitions doivent entrer en cohérence avec les démarches d’approvisionnements durables. Les procédés de teinture en circuit fermé, la dépollution et le recyclage de l’eau, devraient constituer l’engagement minimum. Aujourd’hui l’évolution des colorants naturels permet d’élargir les leviers permettant de teindre proprement. Les pigments à base d’algues brunes, de fruits, de fleurs, de résidus de bois ou de textiles assurent désormais solidité et reproductibilité des couleurs. Du côté des ornements, des initiatives émergent pour réduire la propagation des matières plastiques : paillettes libres en acétate, dessins flockés sans synthétiques en poudre de coton ou sequins en polyesters recyclés. Dans le domaine de l’Outdoor et de la protection, l’enjeu est de taille, se passer des perfluorocarbures (PFC) dans les membranes et imprégnations qui imperméabilisent les textiles. Plusieurs alternatives à ces molécules toxiques qui survivent 50 000 ans dans l’atmosphère entrent dans la composition des textiles waterproof, windproof, downproof : Enductions polyuréthanne et membranes issues de ressources naturelles renouvelables et à la biodégradabilité accélérée, imprégnations en cires naturelles ou à base d’huiles végétales.

Innovations durables

Pourtant disponibles à échelle industrielle, les exemples réellement porteurs d’avenir ne représentent encore qu’une part minime des approvisionnements aujourd’hui. Depuis plusieurs saisons, les productions circulaires expérimentent plusieurs filières. Pour puiser dans les déchets plutôt que dans les ressources renouvelables ou fossiles, deux pistes majeures se dégagent. Le recyclage de textiles pré ou post-consumer, en polyester par exemple avec Tex2Tex™, ou avec des fibres artificielles cellulosiques 2ème génération comme Nucycl®, Circulose®, ou Circ®lyocell. La piste la plus prometteuse, encore peu répandue, réside dans le développement de co-produits issus de l’industrie agro-alimentaire, comme la filature de fibres d’ananas ou de bananes, ou comme le recyclage chimique de résidus d’agrumes, d’huile de lin ou de chanvre. En parallèle, de nouvelles technologie émergent comme le procédé élaboré par Spiber qui produit son filament Brewed Protein™ grâce à un procédés exclusifs de fermentation d’ingrédient végétaux. Ici, ni les ressources fossiles, ni les sols ne sont mobilisés. La toute dernière innovation qui agite la famille des synthétiques est développée par Lanzatech. Ce nouveau polyester tissé notamment par Long Advance provient de la capture d’émissions industrielles de gaz issues d’aciéries. Ce procédé révolutionnaire utilise les principes de la pétrochimie pour produire de la matière en dépolluant.

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