Retour sur la conférence « Meet up R3iLab : compétitivité, productions et marchés du Made in France » Le - Made In France Première Vision
La conférence “Meet up R3iLab (Réseau Innovation Immatérielle pour l’Industrie): compétitivité, productions et marchés du Made in France” est animée par Danièle Clutier, de l’Institut Français de la Mode et R3iLab, qui reçoit Pierre de Chanville, co-fondateur de TEKYN, Damien Durand, Directeur Economie de la CELC, Grégory Marchant, PDG UTT Yarns et co-fondateur d’Immatec, Christine Montard, Analyste en chef à l’Association Internationale des Grands Magasins (IADS), Basile Riquier, co-fondateur 3D-Tex. Comme l’explique Nelly Rodi en introduction, depuis 20 ans R3iLab travaille en réseau avec les industriels pour réfléchir différemment aux nouveaux enjeux, avec la mise en place récente de son programme “Mutation (s)”.
Danièle Clutier revient quant à elle sur deux éléments: d’abord une évidence bonne à rappeler: produire en France est cher. Mais les données hors coût de revient nuancent le tableau: 2% d’invendus en France contre 25% en Asie, à quoi s’ajoute la possibilité dans notre pays de faire des réassorts rapportant 25% de revenus supplémentaires. Les choses ne cessent de bouger: évolution des demandes des consommateurs comme des modèles d’achat, percée des technologies, exigences de proximité et de durabilité….
Les consommateurs et leurs attentes sur le Made In France : qualité, durabilité, savoir-faire
En dépit du déclaratif, les consommateurs, selon Christine Montard, ne font pas encore du Made in France un argument prioritaire d’achat (seulement 6% des 30-50 le mentionnent dans leur motivation, 18% pour les 51-65 ans). Cela dit, sur certaines marques françaises ayant un outil de production locale comme Aigle et Lacoste, la clientèle est extrêmement attachée au Made in France, synonyme pour elle de durabilité, qualité et savoir-faire. La clientèle étrangère, asiatique et européenne sur le luxe réclame elle du Made in France et prise plus globalement la qualité. L’achat dans ce cas est souvent associé à une expérience. Il faut distinguer les millenials des acheteurs plus âgés, notamment au Japon ou en Corée, où les plus jeunes recherchent surtout des items très fashion sans considération de la provenance des articles. Il revient à la communication des marques de développer un discours propre à les capter.
Le lin une tradition française et européenne
Damien Durand représente la CELC qui regroupe les acteurs de la filière agro-créative du lin. Dans cette filière, l’expertise française est historique. 80% du lin dans le monde est produit et travaillé en Europe et 80% de ce lin européen en France. Le dernier Baromètre du lin, étude CELC/IFM a montré que celui-ci était bien perçu comme une fibre européenne qui coûtait plus cher que les autres fibres mais que son prix était justifié par le positionnement haut de gamme.
Labellisation/Normalisation
Grégory Marchand précise quant à lui que dans ses entreprises, en filature et teinturerie, tous les produits sortent avec des normes, ISO et des points plus spécifiques par produits (GOTHS sur le coton). Cela sans compter les contrôles que des groupes comme Inditex vont rajouter avec des certifications supplémentaires relatives à l’environnemental et au social.
La production à la demande: outil efficace pour le MIF
Basile Ricquier, co-fondateur de 3D-Tex revient sur la genèse de son entreprise qui produit sans déchets et de façon plus vertueuse. La manufacture travaille avec des marques comme Balzac Paris, Faguo, TBS qui ont intégré l’éco-conception. Il souligne que l’affluence au présent salon montre bien l’intérêt croissant pour la fabrication française. “Notre souhait est de rendre la fabrication française la plus abordable possible” précise-t-il. L’un des moyens est d’automatiser tout en créant de l’emploi avec une technologie qui s’affranchit de certaines étapes de fabrication puisque c’est un produit fini qui sort de la machine. “Nos clients sont des retailers qui vont vendre ces produits entre 60 et 150 euros mais des grands distributeurs viennent aussi taper à la porte pour satisfaire à la demande”. Grégory Marchant confirme que certains acteurs importants comme Décathlon se sont engagés dans ce sens et sur la durée et que leurs bonnets Wedze sont par exemple aujourd’hui produits à Tourcoing et 100% français, éco-conçus, facilement recyclables.
Textile et technologies 3D
L’entreprise TEKYN a été créée pour accompagner les marques dans leur évolution (retailers et DNVB Digital Native Vertical Brands) vers la production à la demande, levier principal de relocalisation du textile. Plateforme de production, elle reçoit des informations sur les matières, les ateliers, et les envoie à la marque pour qu’elle en tienne compte dans un processus de cette fabrication quand c’est possible et utile. TEKYN travaille avec des machines japonaises de tricotage 3D avec une technologie digitale consommation elle-même. Il faudra en quelque sorte renforcer les données de ladite règlementation. Le recyclage ouvre par ailleurs de nouvelles espérances pour les industriels. en leur permettant notamment de régler une part du sourcing. Du côté du lin, le problème est d’ailleurs moins de sourcer que d’être capable de produire en amont et de fournir la quasi-totalité du marché car la fibre est naturelle donc plus ou moins aléatoire. En conclusion, Pierre de Chanville trace une perspective positive “Chaque jour le curseur bouge et ouvre le potentiel. Comme on dit souvent, on avance!”
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