Qu’est-ce que la « revalorisation » des stocks de textiles et matériaux dormants et pourquoi s’y intéresser ? Le - Première Vision Paris
Après avoir intégré une offre large de matières recyclées sur les salons et au sein de la marketplace, Première Vision fait un pas de plus vers l’économie circulaire. Les stocks dormants de textiles et de composants sont l’une des clés d’une création de mode engagée, parce qu’ils valorisent l’énergie déjà dépensée pour imaginer, designer et produire le socle de collections inachevées, comme une proposition poétique de poursuivre une histoire. Plus rationnels, les avantages économiques et de mise en conformité avec la réglementation concernant les invendus – la loi AGEC – sont tout aussi tangibles. Cet article fait le point sur une offre complémentaire du marché conventionnel, disponible sur Première Vision Paris depuis l’édition de février 2024.
Accélérer l’intégration de modèles circulaires dans la mode
Circularité : de quoi parle-t-on ? Les bases sémantiques
La circularité selon la Fondation MacArthur[1] repose sur trois principes, animés par l’éco-conception : éliminer les déchets et la pollution, faire circuler les produits et des matériaux à leur valeur la plus élevée et régénérer la nature. Ce programme ambitieux s’appuie sur des disciplines concrètes, notamment dans le textile. Utiliser la sémantique adaptée permet de les implémenter à bon escient ces nouveaux modèles économiques dans son business, puis de communiquer en transparence sur ses actions, sans risquer d’être taxé de greenwashing.
- Le recyclage correspond à la transformation ad integrum de matériaux en fin de vie, dont on transformera l’entièreté des composants en un produit de même qualité ou de qualité inférieure.
- L’upcycling requiert une étape de re-design, consiste donc à créer une pièce à partir d’une autre (vêtement, accessoire, chaussure), à démanteler au préalable pour en façonner une nouvelle.
- La revalorisation est le terme qui nous intéresse ici : il s’agit d’utiliser des stocks de textiles et matériaux existants, intégrés au processus créatif à partir de l’étape du sourcing. Les matériaux inusités, dits “dormants” ou dead stocks, sont neufs. Il peut s’agir de collections passées, de fins de stocks, de production présentant un défaut mineur ou encore récusés pour raisons techniques ou esthétiques par un premier cahier des charges.
Ces trois méthodes peuvent être appliquées en boucle fermée (au sein de la même industrie) ou en boucle ouverte (dans une autre, comme la laine recyclée utilisée en panneaux isolants phoniques dans le bâtiment et la décoration d’intérieur). Première Vision se positionne naturellement en acteur de choix pour amplifier la disponibilité des solutions de sourcing de stocks dormants.
Pourquoi Première Vision est désormais sur ce segment de marché ?
La revalorisation est une solution positive à de multiples égards dans l’industrie. En complément d’une offre de matières engagées, elle répond tout d’abord à un impératif d’adaptation face aux réalités climatiques. En effet, d’ici à 2030, à quantité égale, l’industrie devrait avoir besoin de 35 % de terres disponibles supplémentaires pour la production de fibres[2], le volume d’eau nécessaire pour produire les vêtements pourrait augmenter de 50 % alors que les régions productrices de coton comme la Chine et l’Inde souffrent déjà de contraintes d’accès à l’eau douce[3]. À la baisse de la disponibilité[4] s’associent des tensions géopolitiques, augmentent les risques sur les chaînes d’approvisionnement[5], imposant de nouvelles contraintes logistiques et une hausse du prix des matières premières.
Par ailleurs, dans une industrie qui représente 10 % des émissions annuelles de GES dans le monde[6] et 4 % de l’eau potable consommée[7], la valorisation de stocks autrefois considérés comme des déchets relève du bon sens, écologique comme économique, débloquant autant de chiffre d’affaires virtuel stocké dans des entrepôts.
Une première expérience avec les stocks de Nona Source sur l’édition de Première Vision Paris juillet 2023 a par ailleurs confirmé l’engouement massif des marques de toute envergure pour une solution engagée simple à mettre en œuvre. L’arrivée de l’offre de stocks dormants s’inscrit dans la continuité du dispositif Smart Creation, du parcours de sourcing éco-responsable et de la signalétique ‘a better way’ développés pour identifier les exposants engagés et guider les acheteurs en ce sens.
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Un potentiel de marché sous-estimé
En France seulement, les tensions actuelles sur les matières seraient responsables en 2022 d’une perte de 221 millions d’€ de chiffre d’affaires en moyenne[8]. Ainsi, la même année, les trois quarts des entreprises françaises déclarent devoir améliorer la collaboration avec les partenaires internes (74 %) et les fournisseurs externes (80 %) pour une meilleure gestion de la chaîne de production[8]. Or la revalorisation est l’une des solutions qui permet également de raccourcir les chaînes d’approvisionnement et de stimuler une économie locale.
On estime que le marché de la mode circulaire pourrait presque tripler d’ici 2030 pour atteindre 14,2 milliards d’euros en France, avec une croissance moyenne d’environ 10 % par an.
En 2030, les marchés circulaires devraient représenter environ 29 % du marché de la mode contre 12 % en 2022. Au sein de ces marchés, le réemploi est le marché le plus important et devrait également croître à un rythme de 10 % environ. Et si la marque d’ultra fast fashion Shein se lance à grande échelle dans un processus de revalorisation de stocks dormants, avec le prestataire américain Queen of Raw, il ne s’agit plus là d’une simple tendance…
Quels avantages à s’adresser à une structure comme Première Vision ?
Le groupe Première Vision est un agrégateur de solutions à valeur ajoutée pour toute la création de mode et luxe. La présence de stocks dormants sur les éditions parisiennes permettra aux acheteurs de voir et toucher les composants de l’offre, mais également d’échanger en direct avec les exposants au sujet de ces matières pour assurer une traçabilité, idéalement exhaustive, comme pour toute offre de première main.
La maîtrise de ces informations permet également d’assurer une mise en conformité avec les textes de loi en vigueur. Les invendus des marques et des fournisseurs sont désormais en lumière dans plusieurs d’entre eux : la loi AGEC (Anti Gaspillage pour une Économie Circulaire) interdisant leur destruction et faisant la promotion de l’éco-conception ; la loi Climat Résilience et le PEF-CRC pour l’affichage environnemental / l’éco-score des produits ; la Stratégie de l’Union Européenne pour des Textiles Durables pour l’intégration de critères environnementaux dans la conception des produits textiles et la promotion de la réutilisation des textiles… Certains prestataires proposant des stocks ou des services pour les transformer bénéficient de labels certifiants le caractère revalorisé des textiles, tels que Global Recycled Standard ou Cradle to Cradle.
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En pratique, comment intégrer les stocks dormants à son processus créatif ?
La revalorisation de stocks a ceci d’intéressant qu’elle fait appel à un nouveau génie créatif. Il peut s’agir de créer des vêtements taillés comme des bijoux dans des écrins de brocart, de jacquard ou de velours côtelé, minutieusement dessinés, coupés et assemblés dans la double contrainte de la quantité limitée de matière et de motif, mais aussi d’appliquer ce procédé à une production à grande échelle, en revalorisant plusieurs stocks ou des stocks disponibles en grandes quantités.
Créer ainsi requiert bien souvent d’inverser le processus de design : ne pas partir d’un patron mais du stock lui-même, du métrage disponible, des caractéristiques techniques de la matière, pour réfléchir au produit le plus adéquat.
D’un point de vue marketing, au-delà de l’action vertueuse en elle-même de revaloriser, la faible quantité s’associe nécessairement à un biais de rareté du vêtement créé dans cette contrainte. Marine Serre ou Bethany Williams sont des exemples de success story, engagées et inspirantes, dont la créativité et la proposition de valeur esthétique ont été décuplées par ce procédé.
Première Vision Paris︱2-4 juillet 2024︱Paris Nord Villepinte
Références :
[1] The MacArthur Foundation
[2] EMF, 2021
[3] ADEME, 2022
[4] Market Insider, 2022
[5] Banque Fédérale de New York, 2022 indice GSCP
[6] WorldBank 2019
[7] Gouvernement français, 2023
[8] Interos Accenture 2022