Smart Key : Tout savoir sur la biodégradabilité Le - Première Vision Paris - Denim Première Vision - Première Vision New York
Perçons les secrets des matières éco-responsables avec les Smart Keys. Au cœur des questionnements autour de l’éco-conception, les Smart Keys s’intéressent à l’analyse des solutions disponibles pour vous accompagner dans un sourcing matière toujours plus éclairé. Aujourd’hui, découvrons les spécificités de la biodégradabilité. Il suffit de se balader sur les sites de marques ou de parcourir les collections de matières, pour identifier une caractéristique de plus en plus mise en avant, la biodégradabilité. Argument phare pour apaiser les inquiétudes sur la montagne de déchets engendrés par la mode, qu’en est-il de cette promesse ? L’accent est mis sur des matières toujours plus solides, durables au fil du temps, comment alors les imaginer avec un pouvoir de disparition rapide dans l’environnement ? De toute évidence les matières biodégradables ne vont pas se désagréger en quelques mois dans une simple armoire. Cette qualité s’entend dans des conditions spécifiques, et est variable selon les matières. Toute matière finira bien par se biodégrader un jour, mais entre 6 mois pour certaines et 200 ans pour d’autres, le spectre est large.
Textiles naturels…une évidente biodégradabilité ?
Les matières premières naturelles végétales comme le coton, le lin, le chanvre et la soie, ou animales comme la laine et les peaux sont connues pour avoir intrinsèquement une biodégradabilité rapide. Mais lorsqu’il s’agit d’un textile ou cuir fini, la conclusion peut être tout autre. C’est le 1er point de vigilance à avoir en tête lors de votre approvisionnement.
Les traitements, enductions, membranes, décors rapportés peuvent être un frein à la biodégradabilité. De même, certaines teintures peuvent présenter des composants nocifs et dissimuler des traces écotoxiques dans l’environnement une fois la matière désagrégée. La biodégradabilité doit être garantie sur une matière finie, et non uniquement être mise en valeur pour les qualités de la fibre brute.
Synthétiques biodégradables…une solution miracle ?
Le challenge est majeur quand on sait qu’une matière synthétique peut mettre des centaines d’années à disparaître.
Les tests et solutions développées depuis les années 80 restaient peu convaincantes. Les matières devenaient fragmentables mais persistaient ensuite longtemps à l’état de particules dans l’environnement. Depuis les technologies ont évolué et il est désormais possible de développer des matières synthétiques intégralement biodégradables.
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Biodégradables et biosourcés… des faux amis ?
Parmi les innovations retrouvées ces dernières années, les synthétiques biosourcés et polymérisés à partir de biomasse (maïs, canne à sucre, ricin…) ont le vent en poupe.
Attention aux amalgames
Un synthétique issu de biopolymères, donc de ressources naturelles renouvelables, n’est pas automatiquement biodégradable. Ses composantes et ses capacités de décomposition sont deux sujets distincts.
Les synthétiques biosourcés peuvent avoir les mêmes structures (PET, PA…) que leurs équivalents issus d’origine fossile. Ils permettent certes de s’affranchir des ressources fossiles, mais leur biodégradabilité doit être vérifiée.
Trois facteurs d’attention
Plusieurs données participent à la biodégradabilité d’un matériau :
- Le milieu – Différents paramètres entrent en compte, l’environnement (sol, eau de mer, eau douce), le taux d’oxygène, le pH, la température, l’humidité, les micro-organismes activant le procédé.
- La structure et les propriétés du matériau – La matière première, sa construction, et les traitements de transformations apposés.
- Le degré de décomposition et le temps nécessaire pour obtenir cette désintégration – Afin de pouvoir être qualifié de biodégradable, les normes imposent que le produit soit désintégré au minimum à 90% en 6 mois.
Mais alors, comment utiliser au mieux les matières biodégradables ?
Smart key #1 : Développer des produits intégralement conçus avec des composants biodégradables
Dans toute démarche de circularité des ressources, le prérequis est de concevoir le vêtement ou accessoire en projetant sa fin de vie dès sa création.
Un textile ou cuir biodégradable présente des qualités évidentes, cependant pour faciliter le traitement de l’article entier, ses composants boutons, zips, décors, étiquettes devront l’être aussi.
Le défi de démanteler les produits pour extraire la matière à revaloriser a déjà été rencontré dans la filière de recyclage. Autant prendre le problème à la racine, dans la globalité, et ne pas rencontrer les mêmes problématiques lors du développement de vêtements et accessoires biodégradables.
Smart key #2 : Faire tester et approuver
Un matériau est considéré comme biodégradable lorsqu’il peut se décomposer, sous l’action d’organismes vivants, et sans effet nuisible pour l’environnement. Le procédé se déroule en 3 étapes :
- La fragmentation, où la matière va se transformer en particules jusqu’à désintégration
- La dégradation, stade ultime de la fragmentation, où la masse moléculaire est réduite.
- L’assimilation et minéralisation, étapes d’intégration par les micro-organismes des résidus de dégradation, pour les transformer en biomasse, eau et carbone
Les tests de certifications spécifiques comme OK Biodegradable Marine/Soil/Water, vont venir analyser ces étapes, vérifier le temps et le seuil de biodégradabilité du produit, sa non-toxicité, et son absence de métaux lourds.
Smart key #3 : Ne pas en abuser
Une fois de plus, le bon sens nous rappellera que toute bonne solution s’entend si elle n’entraine pas d’effet rebond. Surproduire des matières, même biodégradables, c’est aussi s’exposer à leur surabondance à traiter par la suite.
La majorité des synthétiques biodégradables, à date, le sont dans des atmosphères de transformation accélérée et nécessitent également la mise en place de filières de récolte et traitement de ces produits.
En France, pour ne pas générer la confusion, et laisser entendre qu’un achat biodégradable peut être abandonné n’importe où dans la nature, cette mention est interdite sur les produits finis depuis janvier 2022.
Si la promesse de ces technologies reste un atout majeur, elles apportent une solution de facilitation de traitement des déchets, mais ne réduisent pas de manière miraculeuse le volume de pollution engendrée par la mode. La biodégradabilité est un atout pour s’assurer d’une non-toxicité et d’un impact réduit d’un produit mais ne saurait être une fin en soi.
Sources :
- Revue des normes sur la biodégradabilité des plastiques, Ademe, 2020
- Pollution plastique – une bombe à retardement, Rapport au nom de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Philippe Bollo et Angèle Préville, 2020
- Fiche technique, les polymères biodégradables – Pôle Écoconception
- Article 13 loi AGEC