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Smart Key : Matières cellulosiques, que cache leur apparente naturalité ?


Perçons les secrets des matières éco-responsables avec les Smart Keys. Au cœur des questionnements autour de l’éco-conception, les Smart Keys s’intéressent à l’analyse des solutions disponibles pour vous accompagner dans un sourcing matière toujours plus éclairé. Aujourd’hui, découvrons ensemble les matières cellulosiques. Un rapide coup d’œil aux collections en magasins met en évidence l’extrême popularité de la viscose, du lyocell, du cupro, ou du modal. Support idéal pour l’impression, fluidité et confort au porter, la viscose s’est particulièrement imposée dans les vestiaires, et est actuellement la 3e matière la plus employée au monde après le polyester et le coton.

Alors, qu’en est-il de ces matières cellulosiques, à mi-chemin entre nature et chimie ? Comment se caractérise aujourd’hui le panel des matières artificielles responsables ?


Matières cellulosiques : 2 éléments clés

Ressources

Ces tissus voguent souvent sur la vague de la naturalité et du caractère renouvelable du bois, dont la plupart des celluloses proviennent. Sans surprise, ce raccourci n’est pas aussi simple.

Leur caractéristique naturelle est justement ce qui nécessite de redoubler d’attention. En 30 ans, le volume de production des matières cellulosiques a triplé, entraînant notamment la destruction de forêts primaires et atteintes à la biodiversité.

Les forêts anciennes seraient capables d’absorber 40 fois plus de carbone que des forêts de plantations industrielles, et abritent de nombreux écosystèmes et habitats indigènes. Selon l’association à but non lucratif Canopy, la moitié des matières artificielles en seraient encore issues, malgré des avancées notables. Devant ce constat alarmant, les initiatives et feuilles de routes se sont multipliées pour pallier cette problématique.


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Procédés de transformation

Le bois va traverser de multiples étapes, pour extraire la pâte, dissoudre cette pulpe et devenir ensuite un filament. Les procédés employés reposent sur une multitude de traitements chimiques permettant ces changements d’états de la matière. Le procédé viscose, encore majoritaire, implique l’utilisation de sulfure de sodium, soude caustique, disulfure de carbone, acide sulfurique… corrosifs et toxiques. Les ouvriers sont particulièrement impactés lors de la manipulation et l’exposition répétée à ces substances chimiques.

Lorsque les effluents et émissions gazeuses ne sont pas correctement filtrés et traités, des effets néfastes sont également occasionnés hors des usines. Les régulations divergent selon les pays et unités de production, cependant le danger pour les populations environnantes et les écosystèmes est avéré. La gestion de ces opérations de transformation demeure un sujet clé.


Comment faire face à ces problématiques ? La réponse en 3 Smart Keys.


Smart Key #1 : Se tourner vers des ressources durables

Le premier pas est de s’assurer de la gestion des forêts. Canopy veille à la protection des forêts anciennes. L’ONG déploie des actions avec les producteurs afin d’instaurer une gestion durable des parcelles, et inciter la filière à se tourner vers des ressources alternatives pour limiter le recours au bois.

Le Hot Button Report and Ranking partage chaque année les fournisseurs audités et engagés dans un approvisionnement responsable. La viscose Enka®, EcoVero™ de Lenzing, ou l’acetate Naïa™ d’Eastman sont des porte-drapeaux de ces initiatives.

Les certifications

Les pratiques de gestion durable des forêts peuvent être vérifiée au travers de deux certifications.

FSC est la première certification développée dès 1993 pour préserver les forêts anciennes. Il garantit au travers d’exigences mondiales la conservation, la restauration et l’amélioration constante des forêts. Cette certification peut renseigner le caractère vierge ou recyclé des ressources.

PEFC certifie principalement les bois européens et d’Amérique du Sud. Le cahier des charges intègre des caractéristiques spécifiques à chaque pays. Le système de traçabilité évalue les opérations sur les parcelles et lors de la transformation du bois.

Smart Key #2 : Opter pour le recyclage et les ressources alternatives

L’enjeu est de diversifier les ressources et de s’inscrire dans une économie circulaire, en revalorisant l’existant, déchets textiles ou résidus agricoles, en substitution ou complément de la cellulose de bois. Des alternatives d’autant plus intéressantes qu’elles présentent une efficience accrue.

L’utilisation de déchets de coton est plus efficace que le bois, compte tenu de la pureté de la cellulose du coton. Une tonne de coton revalorisé permet d’obtenir le même volume de matières cellulosiques, là où les pertes sont importantes lors de la transformation du bois, où 2,5 à 3 tonnes sont nécessaires pour générer le même rendement.

Le recyclage chimique employé permet d’obtenir des fibres de qualité identiques aux fibres vierges et ces nouvelles générations de cellulosiques pourraient représenter 50% de l’offre à horizon 2030.

NuCyc™ d’Evernu, Infinna™ Infinited Fibers, Circulose® de Re:newcell, Worn Again Technologies, OnceMore® de Södra, Seacell™ de SmartFiber, Refibra® de Lenzing, Bemberg™ d’Asahi Kasei sont les principaux acteurs du changement.

Smart Key #3 : Adopter les procédés en boucle fermée et une chimie raisonnée

Le Lyocell figure parmi les premiers procédés ayant permis de créer des matières cellulosiques moins impactantes. Fondé sur un système en boucle fermée où les eaux et solvants non toxiques sont réemployés à 99 %, il connait les faveurs des acheteurs et designers autant pour ses qualités responsables que pour son tombé et sa solidité.

Les nouvelles générations de cellulosiques issus du recyclage reposent également sur l’utilisation de procédés chimiques plus propres. Les technologies de pointe explorent de nouvelles pistes. Nanollose transforme des déchets de biomasse alimentaire en cellulose microbienne, obtenue par fermentation naturelle.

Si ces technologies sont les plus respectueuses, d’autres initiatives permettent de veiller à une gestion rigoureuse des procédés de transformation.

La fondation ZDHC, Zero Discharge of Hazardous Chemicals, a pour objectif d’éliminer des chaines de productions les produits chimiques dangereux. Un cahier des charges spécifique aux matières cellulosiques a été consolidé afin de guider les développements. Cette feuille de route indique les pratiques responsables à respecter lors de l’approvisionnement de bois, de la production de fibre, de la gestion des eaux de traitement, et des émissions gazeuses.


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