Pour le Printemps-Été 2025, Taskin Goec, qui se définit comme créateur de réalité mixte, a prêté son talent à Première Vision pour la réalisation du Film de la Saison. Ses créations – ou créatures – extraordinaires, entre réalité physique et virtuelle, incarnent la notion de changement d’état, la mutation, thème central de la saison.

Taskin Goec est un créateur de réalité mixte basé à Berlin et à Londres, qui fusionne la mode traditionnelle et la mode numérique. Diplômé du London College of Fashion, Goec donne vie à ses collections hybrides présentées à la London Fashion Week. Ayant des racines dans la mode traditionnelle (Métiers d’Art de Chanel), Goec intègre cette expertise dans le paysage numérique, en collaborant avec des partenaires tels que SHOWstudio, The Fabricant, et Vogue+. Son engagement pour l’innovation est évident dans les flux de travail qui entremêlent l’artisanat physique avec des modèles d’IA formés sur mesure et le découpage de modèles numériques. Le travail de Taskin Goec témoigne de la coexistence de l’artisanat traditionnel et de la technologie d’avant-garde, jetant un pont entre le tangible et le virtuel.

« Dans cette ère de réalité mixte, où le numérique et le tangible s’entremêlent harmonieusement, nos normes, nos désirs et nos peurs s’adaptent et se transforment.

Alors que le monde matériel se dissout dans des écrans lisses, un besoin d’authenticité et de brut prend racine. En conséquence, je me suis concentré sur l’attrait sensoriel ; les looks sont riches en texture, physiquement obtenus grâce à des combinaisons de plissage, d’effilochage et de techniques d’impression. Dans l’espace numérique, ces textures sont le résultat de simulations de tissu complexes et de paramétrages informatiques (procédural node setups).

Cela s’applique également à un travail de patronage fragmenté et déformé, résultat d’une approche hybride que j’ai affinée au cours des cinq dernières années, en utilisant des logiciels tels que Blender et CLO3D. Au cours de ce processus, j’embrasse la spontanéité, en moulant des chemises et des vestes bombers autour de corps physiques ou numériques. » Taskin Goec.

Tailleur métamorphe

Le Printemps-Été 25 célèbre l’hybride. La fusion des états, des instants et des codes s’incarne dans des silhouettes à la croisée des chemins.  Le tailleur uniforme étend ses volumes et revêt les codes de la soierie et du soir. Volants, quilles, godets ou drapés, telles des excroissances, s’extraient de découpes asymétriques, aléatoirement bien placées, déstructurant les vestes, jupes, pantalons, et inscrivant le mouvement comme nouvel élément incontournable. Hybrides, jusque dans le tissage ou le cœur du fil, les matières permettent à la fois le tailleur et le flou, le soyeux ou le flammé. 

Tactilité augmentée

La mutation est à l’œuvre dans les collections du Printemps-Été 25. Volumes et textures à la limite de l’abstraction, expérimentaux, semblent témoigner d’une quête d’extraordinaire. Les matières gagnent en relief et en aspérité, se froncent, se plissent. Les surfaces semblent muter ; cloqués, seersuckers, frangés sont amplifiés, pour une tactilité augmentée. Un nouveau vocabulaire du grunge se dessine, opulent et maximal, décloisonné, hors codes. L’étrangeté prend le pas sur les codes classiques de la beauté, laissant place à l’exceptionnel, à l’audacieux, et aux identités fortes et assumées.

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